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Débats sur la vaccination : inciter, convaincre ou contraindre ?(Max Lafontan – 19 juillet 2021)
Cruel dilemme, a-t-on le temps de miser sur la persuasion plutôt que sur la coercition ? Faut-il avoir recours à « la trique » ou faire appel à « l’intelligence collective » vertu chichement partagée, pour faire avancer la réflexion dans la lutte contre la Covid-19 ?
L’opposition entre la science et les multiples croyances est au cœur des débats actuels gravitant autour du vaccin contre la Covid-19. Les arguments déployés pour évoquer un choix, pour ou contre le vaccin, sont souvent très mal compris du public. Ils reposent largement sur l’adoption d’idées irrationnelles, d’opinions fantaisistes et finalement de croyances qui circulent à grande vitesse dans la sphère publique. Se joue chaque jour devant nous le rapport essentiel entre science et croyance. Les exploiteurs de l’insondable crédulité humaine se frottent les mains. À la question « à qui se fier ? » chacun va répondre sans doute : aux gens intègres et bien informés ! Mais il y a un hic, comment reconnaître de telles perles rares ? Le citoyen lambda va découvrir à l’occasion de cette pandémie, via la télévision, d’autres médias et les réseaux sociaux, que les scientifiques ne parlent pas d’une seule voix. Des scientifiques, sortant de leurs laboratoires sans grandes vertus communicantes, vont étaler des controverses face aux nombreuses incertitudes qui subsistent sur la pandémie en oubliant que leurs propos confus vont paniquer leurs auditeurs. Cette situation a été une excellente aubaine pour déconcerter le grand public en quête de certitudes. N’étant pas au fait des pratiques scientifiques et des désaccords, pourtant courants et utiles à la progression des idées en sciences, un certain nombre d’individus va paniquer et devenir vulnérable aux escrocs non scientifiques qui vont fournir des discours bien plus sommaires ou corrompus mais qui seront compris de tous. George Bernard Shaw, essayiste, acerbe, provocateur et anticonformiste, qui obtiendra le prix Nobel de littérature en 1925 écrivait : « Ce n’est pas l’incrédulité qui est dangereuse dans notre société, c’est la croyance. », Marcel Pagnol renchérissait en déclarant : « Telle est la faiblesse de notre raison : elle ne sert le plus souvent qu’à justifier nos croyances. ». Depuis le démarrage rapide de la pandémie début 2020, le gouvernement qui n’a pas pris l’exacte dimension du phénomène à ses débuts a souvent pris des mesures incomprises du public. Un mélange de décisions, parfois contradictoires, souvent mal expliquées au grand public et dans une belle cacophonie va créer une atmosphère bien loin de rassurer et propice à toutes les manipulations de populistes improvisés aux solutions sommaires.
Lire la suiteLueurs d’espoir dans la morosité ambiante ?
Lueurs d’espoir dans la morosité ambiante ?
Max LAFONTAN, Directeur de Recherches émérite Inserm – Secrétaire perpétuel de l’Académie des Sciences, Inscriptions et Belles-Lettres de Toulouse. (Le 29 novembre 2020).
« La sauvegarde de la vérité dépend moins de son
affirmation réitérée que de la reconnaissance de ses limites. »
Max Horkheimer
En cette mi-novembre 2020, la COVID-19 a tué 1,3 million de personnes dans le monde dont plus de 245 000 rien qu’aux États-Unis et plus de 40 000 en France. Des résultats récents sur les vaccins apportent une lueur d’espoir dans la morosité qui frappe les pays de l’hémisphère Nord confrontés à une seconde vague épidémique et à une tension au sein du monde hospitalier. Afin de s’informer sainement, il est essentiel d’écarter la profusion de rumeurs et d’informations fantaisistes (très abondantes sur les réseaux sociaux). Des conseils pratiques évolutifs en fonction de la progression de la situation mondiale sont fournis sur le site de l’OMS : https://www.who.int/emergencies/diseases/novel-coronavirus-2019/situation-reports.
La société pharmaceutique américaine Moderna a annoncé aujourd’hui (16 novembre 2020) que les premiers essais de son « vaccin à ARN » contre la COVID-19 montrent qu’il est efficace à 94,5 %. La nouvelle vient juste après une annonce similaire de Pfizer/BioNTech la semaine dernière qui a également rapporté que son propre « vaccin à ARN » contre la COVID-19 était efficace à plus de 90 %. Le fait d’avoir deux vaccins en cours de finalisation et deux entreprises prêtes à les fabriquer nous prépare-il un avenir plus radieux ?
Suggestion aux membres du Groupe de travail sur la question « Quelle reprise économique, compatible avec la sauvegarde de la planète ? »
Rappel : Le groupe de travail que nous avons constitué autour de la question posée dans le titre ci-dessus a été invité à transmettre de possibles éléments de réponse en 2 ou 3 pages d’ici le 31 juillet à l’un des signataires.
Afin qu’il soit raisonnablement envisageable de faire une synthèse des différentes propositions, nous suggérons que, dans la mesure du possible, celles-ci s’organisent autour des 5 questions ci-dessous :
Lire la suiteUne synthèse de nos « Lectures Associées – spécial COVID »
L’atelier lectures associées nous a conduits à réfléchir sur de nombreux textes, les uns philosophiques, les autres versés dans les sciences humaines. L’échange par visio conférence était un moyen non pas de « s’ennuyer en commun » comme le dit Schopenhauer parlant de la parade que trouvent les hommes pour lutter contre la solitude, mais de mettre en question des visions de vie car comme le dit Alain, « plus on sort de soi-même et plus on est soi-même ; mieux aussi on se sent vivre ». En effet, les dialogues, les arguments avancés par les uns ou les autres nous obligent à préciser, à questionner les fondements même de ce qui est pensé, à nous affranchir de quelques préjugés, de pensées « toutes faites » en les passant au crible de la réflexion des autres.
Pierre Zaoui se demande « ce qu’on peut bien expérimenter quand on reste toute la journée enfermé chez soi et entre soi ». Chaque expérience est en soi rétrécie et sans intelligence commune des expériences diverses, il est difficile d’enrichir sa pensée » car il s’agira, dit Abdennour Bidar, de « nous engager à changer notre façon de vivre ». « Avant nous étions déjà enfermés mais nous ne le savions pas. Nous n’espérons qu’une chose : sortir du confinement et que rien ne soit plus comme avant ».
Un projet post-COVID?
Jacques Périé
GREP – MP
Une suggestion à mes amis / amies du CMA
Résumé : Comme de nombreux grands esprits le font remarquer, il serait bien regrettable que les humains ne mettent pas à profit la présente crise pour infléchir leur parcours. Avec sa réflexion accumulée et actuelle, le GREP a sans aucun doute l’occasion de susciter un débat dans la région, débat à élargir dans un premier temps à d’autres partenaires puis à porter auprès des instances de décision.
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Un grand bravo tout d’abord à ceux / celles qui maintiennent le GREP bien vivant malgré les conditions difficiles du moment. Ces viséo-conférences et contacts sont une belle réussite. J’ai assisté pour ma part à celle sur les « Technosciences » et j’ai pu prendre la mesure de ce que cela pouvait représenter en termes d’organisation. Je suis également impressionné par le fait que la commission « Prospective » poursuive ses travaux comme elle le fait, ou encore que Sylvie Sanchez continue d’animer un groupe, en autres, autour de textes de Bruno Latour ( Imaginer les gestes barrière contre le retour et la production d’avant crise https://aoc.media/opinion/2020/03/29/imaginer-les-gestes-barrieres-contre-le-retour-a-la-production-davant-crise/ ).
Cela m’a donné l’idée suivante que je vous soumets : serait-il possible que tout ce travail et quelques compléments éventuels soient mis en forme en vue d’une contribution, qu’avec d’autres mouvements, le GREP apporterait à ce débat qui prend forme sur « l’après coronavirus » ?
Du bon usage de la crise du coronavirus
Michel Rouffet 13/05/2020
(Version revue en fonction des évolutions constatées et des remarques de mes lecteurs)
« Nous sommes appelés à plein poumon à faire neuf ce qui était vieux »
Christiane Singer, auteure, « du bon usage des crises »
Avant-propos
(Le 16/4/2020)
Le coronavirus semblant éteindre ses effets en moi et le confinement prolongé me donnant une opportunité de réfléchir, je m’essaie avec beaucoup de modestie à prendre du recul sur l’épisode exceptionnel (certes de souffrances, mais aussi de promesses d’avenir) que nous sommes en train de vivre ; je n’ai aucune compétence particulière en biologie, ni en économie… mais un simple désir de citoyen de mieux comprendre ce qui se passe et de participer à construire un monde meilleur
Quels sont les faits avérés de cette épidémie ?
Quelles questions pose-t-elle ?
Quel monde souhaitons-nous rebâtir après le coronavirus ?
(le 13-5-2020)
Les questions posées le 16 avril me semblent encore plus d’actualité ; peu de ces questions ont trouvé entre temps une réponse ; E Morin parle même d’ « un festival d’incertitudes »
1-Les faits :
Les virus sont des molécules de protéines recouvertes d’une couche protectrice de lipides, qui, lorsqu’elles sont absorbées par une muqueuse oculaire, nasale ou buccale, modifient leur code génétique et les convertissent en cellules de multiplicateurs et d’agresseurs ; les virus se reproduisent en utilisant le métabolisme des cellules-hôte (université John Hopkins)
Les virus semblent accompagner de tout temps les différentes formes de vie. 75% des virus qui atteignent l’homme proviennent d’animaux.
Stratégies médicales variées pour réduire ou stopper la progression de la maladie COVID-19 ?
Stratégies médicales variées pour réduire ou stopper la progression de la maladie COVID-19 ?
Par Max Lafontan
Sommaire Après un premier mémoire intitulé : « La saga de COVID-19, une maladie due à un coronavirus SARS-CoV-2 émergent chez l’humain » déposé sur le site de l’Académie le 20 mars 2020, ce second document vise à répertorier et analyser de façon critique les stratégies médicales en cours de développement. Bien que délicat à évaluer, le taux de létalité de COVID-19, rare chez l’enfant, est environ trois fois plus élevé que celui de la grippe saisonnière chez les adultes. Pour les personnes âgées de 60 ans et plus, la chance de survie à la suite d’une infection par le SARS-CoV-2 est d’environ 95 % en l’absence de comorbidités. Il existe essentiellement trois interventions globales, non pharmacologiques pour ralentir ou tenter d’arrêter définitivement la maladie de COVID-19. On peut distinguer trois stratégies essentielles. La première repose sur la « distanciation sociale », les « gestes barrières » et divers niveaux de confinement assortis de tests de détection précoces. La seconde relève d’un « laisser faire » en attendant que suffisamment de personnes aient été confrontées à la maladie et soient immunisées contre SARS-CoV-2 par leur immunisation acquise (il faut atteindre 60 à 70 % de la population). On parle « d’immunité collective » ; elle peut avoir un coût humain important. La troisième option reposera sur de larges plans de vaccination qui pourront être envisagés dès qu’un vaccin sera disponible.
En ce qui concerne les approches pharmacologiques nous évoquerons tout d’abord les repositionnements dans l’utilisation d’anciennes molécules (ainsi que leurs mécanismes d’action) et la quête de nouvelles molécules. Nous aborderons également des thérapies complémentaires basées sur l’utilisation d’agents pharmacologiques anti-cytokines ou immunomodulateurs ainsi que l’administration d’immunoglobulines ou d’anticorps monoclonaux. Nous conclurons en évoquant succinctement l’option vaccinale et les quelques pistes de recherches sur les vaccins contre le SARS-CoV-2.
L’article complet est disponible en suivant ce lien.
COVID-19 des analyses de première main
Dans cette période nous sommes tous confrontés à une masse d’informations sur cette pandémie du COVID-19, au GREP, nous avons le plaisir d’avoir avec nous des experts qui sont capables de faire la part des choses entre l’affolement, l’infox et les informations vérifiées.
Il m’est apparu important de donner la parole à Max LAFONTAN. Max est administrateur du GREP, animateur de nombreuses sessions. Par ailleurs, il est Secrétaire perpétuel de l’académie des sciences de Toulouse, Directeur de recherches émérite, Inserm/UPS UMR 1048, Institut des maladies métaboliques et cardio-vasculaires.
Il a cette force de savoir vulgariser, de prendre de la hauteur, de garder l’esprit critique tout en gardant une approche scientifique rigoureuse. Merci à lui de nous éclairer.
L’article de Max Lafontan est téléchargeable ici.
Jean-Marie PILLOT
Président du GREP MP