La nécessaire solidarité par Alain MOULTSON

Que cela plaise ou non nous sommes condamnés à nous adapter.

Depuis le paléolithique, l’Homme s’est en permanence adapté à son environnement. L’Occident a cru pendant les deux derniers siècles que le «progrès» et le pillage des ressources de la planète pourraient nous libérer de la contrainte environnementale. D’un rêve prométhéen, il ne reste qu’un cauchemar capitaliste faustien.

Nous nous adapterons de gré ou de force. De gré en modifiant radicalement nos modes de vie pour adopter un comportement responsable ou de force parce nous serons restés sourds et aveugles aux changements nécessaires. Cette adaptation ne pourra se faire que de deux façons:

Par la contrainte, sous la forme d’un fascisme (brun et/ou vert) à l’intérieur des nations et de la guerre à l’extérieur.

Par une solution plus démocratique et plus respectueuse des droits humains mais infiniment plus complexe. Nous ne pourrons envisager une gestion plus équitable de notre empreinte écologique sans avoir résolu auparavant un certain nombre de problèmes, le tout premier étant la création d’une instance internationale, véritablement démocratique, de coopération planétaire.

Car nous devons tenir compte du fait que nous ne pouvons envisager de solution au changement climatique en laissant une partie de l’humanité au bord du chemin. De ceux et de celles qui, aujourd’hui, ne peuvent se poser la question de l’avenir de notre planète à trente ans alors que leur horizon personnel de survie est plus qu’incertain. De ceux et de celles qui, aujourd’hui, ne peuvent se poser la question : «que mangerons nos petits enfants dans 20 ou 30 ans? » quand leur souci quotidien est: « comment nourrir nos enfants dans les jours ou les mois qui viennent»?

De ceux et de celles qui, aujourd’hui, ne peuvent se poser la question des «migrations climatiques» dans 20 ans alors qu’eux-mêmes sont prêts, au risque de leur vie, à abandonner leur famille en espérant trouver, ailleurs, des conditions moins précaires?

Plus près de nous des femmes et des hommes survivent entre chômage et petits boulots, véritables intermittents de notre société de spectacle.

Roland Berger assure que, dans les 10 ans qui viennent, l’automation et la productivité priveront au moins 3 millions de Français de leur emploi (tous secteurs confondus, de l’agriculture au droit en passant par la presse ou la pharmacie). Et ce n’est pas la création de surveillants, de policiers pour contrôler une explosion sociale qui résoudra ce problème

Il nous faudra aussi résoudre la question du «mur de l’argent». «Saigner la finance avant qu’elle ne nous saigne» comme l’affirme François Morin. Pouvons-nous envisager une quelconque solidarité entre les Hommes en laissant une infime minorité détourner, à son seul profit, et les ressources naturelles et les moyens des États?

Le pouvoir financier est tellement puissant qu’il peut imposer à tout État, par la corruption ou par l’amicale pression du lobbying, les lois qui favorisent sa prédation.

Si nous voulons à la fois éviter le fascisme et contribuer à la sauvegarde de notre planète, le chemin ne peut passer que par une gouvernance planétaire qui assure une répartition équitable de notre production, un bannissement de la corruption et la mise à l’écart de la poignée de prédateurs qui pille, à son seul profit, États et entreprises.

«Si les hommes n’étaient pas égaux, ils ne pourraient se comprendre les uns les autres, ni comprendre ceux qui les ont précédés, ni préparer l’avenir et prévoir les besoins de ceux qui viendront après eux». (Anna Arendt, La condition de l’homme moderne, chap. 5)

Alain Moultson

Publié le 21 septembre 2015, dans Climat. Bookmarquez ce permalien. Poster un commentaire.

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