Inégalités et changement climatique par Hélène CABANES

Le dérèglement climatique est dû au mode de vie humain, reposant (quasi exclusivement) sur un système économique qui utilise à outrance l’énergie fossile et les ressources naturelles.

Le modèle de développement des sociétés industrielles a historiquement et largement été initié par les pays dit « du Nord », alors que ce sera vraisemblablement ceux « du Sud » qui paieront le plus lourd tribut des conséquences de ce dérèglement. Voici la première inégalité qui existe dans cette thématique « inégalités et changement climatique ». Cependant, aujourd’hui, il est inutile d’opposer les pays du Nord et du Sud puisque, collectivement, tout Terrien sera touché par ce phénomène. Reste à réfléchir, ensemble, tous pays confondus, aux moyens de limiter, d’ores et déjà, le dérèglement et à mettre en place les éléments pour contrer les effets inévitables que nous allons tous subir.

Pour pouvoir gérer ce problème qui nous impacte collectivement, il est nécessaire de faire jouer la solidarité entre pays, entre peuples et entre individus. La question actuelle des inégalités est donc centrale.

 

I – Des régions, pays ou territoires inégalement affectés face au changement climatique

Au-delà des différences de relief et de climat entre pays ou zones géographiques, qui influencent les peuples dans leur mode de vie et leurs cultures, le dérèglement climatique aura un impact brutal. Les conditions de vie dans le désert ou dans le grand froid sont extrêmes mais les humains ont su s’y adapter. Avec le dérèglement climatique, c’est un tout autre enjeu pour les peuples, car nous n’aurons que peu de temps et/ou de moyens pour en limiter les effets.

Les populations se trouvant déjà dans des pays vulnérables ou des zones géographiques difficiles seront encore plus touchées par des événements climatiques d’ampleur. C’est le cas, par exemple, du Bangladesh qui possède de nombreuses terres situées au niveau de la mer et qui assiste, dès à présent, à d’importantes inondations, synonymes de perte de terres et de déplacements de populations. D’autres pays, comme l’archipel des Maldives, pourrait même complètement disparaître…

 

II – Inégalités des ressources pour faire face et anticiper

Des pays ont déjà mis en place des moyens, qu’ils soient humains, scientifiques, technologiques ou de recherche, pour essayer d’anticiper les conséquences délétères du dérèglement climatique. A contrario, d’autres pays, très pauvres, doivent d’abord s’occuper des besoins primaires, comme l’accès à l’eau, la nourriture, la santé et l’éducation. Ces pays ont donc plus de difficultés à se projeter aussi loin dans le temps alors que les besoins de base de leur population ne sont pas couverts actuellement. Voilà une deuxième inégalité.

 

III – Amplification des inégalités économiques entre les pays et à l’intérieur même de chaque pays

Entre pays ou zones économiques, et entre individus et entreprises : « (…) les inégalités économiques extrêmes prennent des proportions vertigineuses et continuent de s’aggraver. Du Ghana à l’Allemagne, de l’Afrique du Sud à l’Espagne, le fossé entre les riches et les pauvres se creuse rapidement. Au Forum économique mondial de [2014], Oxfam a révélé un chiffre qui a défrayé la chronique : les 85 plus grandes fortunes mondiales possédaient autant que 3,5 milliards de personnes. »

Les inégalités économiques sont très probablement les plus faciles à corriger… si volonté et courage politique il y a. En effet, des solutions existent et certaines ont déjà fait leurs preuves par le passé, comme l’utilisation efficace de la fiscalité. Nous pourrions, par exemple, créer une fiscalité internationale de base (commune à tous les Terriens et à toutes les entreprises, en proportion des ressources de chacun), à laquelle s’ajouterait une fiscalité nationale tendant à rééquilibrer les rapports de force.

 

Conclusion :

Pour le GIEC, le dérèglement climatique accroît les inégalités nord-sud, qui sont pourtant déjà criantes. Il est donc plus que temps d’agir et de prendre à bras le corps le sujet de la réduction drastique des inégalités.

« Nous ne pourrons pas traiter du dérèglement climatique sans solidarité entre les peuples, les pays et les personnes et donc s’attaquer franchement aux problèmes des inégalités. » C’est le message qu’a transmis Youba Sokona (co-président du groupe de travail III du GIEC) lors de sa conférence à Toulouse en novembre 2014. Ce problème mondial (du bouleversement du climat) d’une ampleur inégalée, tant par ses éléments d’incertitude et ses échéances que par ses conséquences, doit passer par une remise à plat de nos systèmes de pensée afin, non seulement de corriger les inégalités économiques, mais surtout de faire marche arrière pour plus de solidarité et de fraternité entre les Terriens. La tâche est ambitieuse mais les événements à venir ne nous laissent pas d’autre choix.

 

 

Hélène Cabanes

 

Publié le 21 septembre 2015, dans Climat. Bookmarquez ce permalien. Poster un commentaire.

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