La matière n° 005

Source : par Jaron Lanier ‘l’IA n’existe pas’

Les matière(s)à penser sont dans des bribes de la parole de cet informaticien, essayiste et compositeur américain publiée le 20 avril 2023, dans The New Yorker. Le texte traduit par Maxime Berrès pour Philosophie magazine N°spécial 2024 ouvre la revue après l’éditorial Défricher l’incertain, de Octave Larmagnac-Matheron. Jaron Lanier ‘considéré pionnier des technologies de réalité virtuelle’ et ‘critique virulent des réseaux sociaux de masse’ est à découvrir en français avec Qui possède notre Futur ? éditions du Pommier 2014. ‘Vieux’ ce bouquin est déjà chez Recyclivre et aussi aux éditions Eyrolles .

Parler de l’IA

Avec Jaron Lanier sans hésiter je dis : l’IA n’existe pas. Je rajoute du pluriel aux mots ‘outil’ et ‘contexte’ de sa phrase : « Les IA ne sont pas des créatures autonomes, mais un (des) outil(s) conçu(s) dans certain(s) contexte(s) » Comme lui j’observe autour de moi et dans les médias des arguments peu rationnels, comme lui je vois une diffusion commencée au pas de charge sur les marchés du numérique qui fascine. J’abonde quand il affirme «nous avons toujours la possibilité de parler de ces logiciels de manière différente.» Je reste curieuse quand il parle de classer l’IA comme une «forme de collaboration sociale qui la rendrait plus concrète donnant accès à la salle des machines, là où s’affairent de vrais gens.»

Responsabilité

«C’est en augmentant et en élargissant la conscience, la responsabilité et la participation des hommes que nous rendrons l’automatisation sûre; à l’inverse si nous traitons nos inventions comme des objets occultes, nous ne risquons pas d’être de bons ingénieurs.» Je pose comme question: quand la ‘salle des machines’ n’est rien moins que ‘le vaste monde’, comment fait-on pour toucher tous les Acteurs… Décideurs, Entrepreneurs, Ingénieurs, Industriels, Propriétaires, Spéculateurs, Usagers… du Numérique ?

Possible Vs Impossible

L’article traite essentiellement de ce qui tourne autour de ‘l’IA générative’, il s’empare des problèmes avec détermination, optimisme, tout en évoquant les ‘menaces existentielles’, ‘ la nécessité du traçage’ face à ’la malveillance’, ‘la manipulation’, ‘la portée des outils’, concluant qu’il n’est pas ‘déraisonnable de craindre l’extinction de notre espèce comme scénario possible’, les difficultés survolées sont telles qu’on est loin du ‘clic’ en main promis pour ‘gagner du temps’. Tout est à mettre dans le gigantesque panier percé des «défis techniques bien réels» contre lesquels Jason Lanier pense et propose avec ‘esprit’ : la «dignité numérique». Autrement dit il y aurait une ‘indignité numérique’ quelque part ? Alors solution ? Sans doute pas, mais ‘objet’ d’une autre chronique, et ‘matière’ à penser sûrement. @ + MFB ©