Chroniques Biblio Grep – 007 –

C comme Comte-Sponville André

« Il y a vingt ans nous faisions volontiers profession d’immoralisme. La moralité était pour nous une vieille lune dépassée. (…) Si nous prétendions ainsi nous passer de morale, c’est qu’en vérité, nous semblait-il, la politique en tenait lieu. » pp.199-200

Éthique, Morale et Politique

Après les boues à traiter avec Auriol, le raid dans la cacophonie avec Badie, nous sommes en cohortes serrées dans un champ d’épinards à défricher avec un chef d’équipe nommé Comte-Sponville. De suite ce jour là, il nous fait marcher à reculons. Nous voilà penchés vers l’arrière, besace sur le dos, en 1974 , à trier le bon grain de l’ivraie pour glaner quelques comestibles. Tout change, nous serions passés de l’idéologie du Tout-politique à l’idéologie du Tout-morale, peut-être « invention de journaliste« …C’est la « génération morale » , « la morale est tout« , c’est « le retour à la morale« . Depuis 15 ans ce philosophe instructeur, pour débroussailler ces sujets, nous informe, avoir – « retourné sa veste » – pour devenir spécialisé en « clarification« . Nous sommes, là, en tenue de campagne, les bottes dans la gadoue, le nez au vent, à apprendre comment « nous serions passés d’une erreur à une autre ».

Du mensonge et des épinards

Nous voilà à être initiés ipso facto par l’exemple : (…) votre petit garçon vous dit (…) « Je ne veux pas d’épinards, les épinards c’est mal !  » (…) Vous lui répondez : « Tu ne peux pas dire ça. Tu peux dire à la rigueur que les épinards c’est mauvais – ce qui veut dire, en vérité, que tu n’aimes pas ça. » (…) 15 jours plus tard , surpris en flagrant délit de mensonge , vous lui expliquez qu’il ne faut pas mentir. Il répond : « Tu as raison le mensonge c’est mauvais. » (…) Vous lui affirmez : « Ah non, tu ne peux pas dire ça : le mensonge ce n’est pas comme les épinards, ce n’est pas une question de goût, le mensonge c’est mal. » p.202

Aborder des limites

Dans ce champ, lequel, ne fut jamais laissé véritablement en jachère depuis la nuit des temps de la philosophie, tout ce qui suivra sera autour des questions de « distinction« , « langage« , « différence« …Sous un soleil de plomb, dans l’air bruissant d’insectes nous serons bientôt rejoints par plusieurs petits propriétaires terriens sous la houlette desquels nous serons amenés à faire de meilleures distinctions entre des herbages d’apparence semblable, ce sont ceux que l’on nomme parfois, indifféremment, éthique et/ou morale, tant ils se ressemblent. Viendront à la rescousse Deleuze s’appuyant sur Nietzsche suivi de Marcel Conche lesquels seront bientôt rejoints par Spinoza (le sage) et Kant (le saint). Ce dernier arrivé au gré d’une météo changeante oscillant entre le Bien et le Mal, nous sensibilisera aux impératifs tour à tour catégoriques ou hypothétiques. Nos paniers alourdis de « vertus », « devoirs », « désirs », « normes » et « commandements » nous commencions à nous sentir fourbus par la cueillette, lorsque, derrière la haie d’arbustes à bais, de type autochtones, est apparu Rousseau. Envahie d’oiseaux la haie chantait.

Le Pouvoir, la Politique, leurres et usages

Mais un vent mauvais et tourbillonnant nous amènera la poussière des semailles des riverains proches de nos ébats agricoles. Un brouillard de mots nous masquaient peut-être bien l’essentiel : « ce que le mot morale cachait de l’éthique était comme un cache-sexe ou paradoxalement un cache-vertu. » En 1994, « (…) tout le monde a le mot éthique à la bouche : IBM, Thompson, AGF, BNP, Crédit Lyonnais… » et c’était comme une preuve que, tout ce qui semblerait « possible » serait « fait » , comme le disait alors Testart rajoutant : (…) « que plus que jamais ce possible est effrayant » (…) p.212. Ainsi le temps était venu, en 1994, que nous prenions conscience de la présence du « spectre du salaud légaliste » qui surgissant des hautes herbes urticantes, nous questionnait alors sur « les limites du Pouvoir et de l’ordre juridico-politique« (…) p.213 Aujourd’hui 2024, serait-il ou non vaquant pour aider à évaluer et assigner des limites au(x) pouvoir(s) des Techno-sciences, ce serait à suivre…

Autrement dit, il n’y a pas de limites démocratiques à la démocratie, pas plus qu’il n’y a de limites techno-scientifiques aux techno-sciences. » p.214

Conclusion

Les deux mots de la fin de la présentation de vingt et une pages sont « amour et courage » p.220 – Le débat de trente-six pages conclut ainsi : ne pas « sacrifier aux utopies qui font du mal », « cesser de rêver la politique » et « arrêter de lui demander ce qu’elle ne peut pas faire ». p.256

Rédaction certifiée sans IA @ + MFB

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Publié le 16/05/2024, dans Non classé. Bookmarquez ce permalien. Poster un commentaire.

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